Goma : Les amateurs de la musique vivent un métissage entre Jazz et rumba
Le 30 avril dernier, en marge commémorative de la journée mondiale dédiée au Jazz ; des jeunes, enfants et adultes ont vécu une expérience inoubliable avec des rythmes, improvisations et sons à la fois sensationnels et percutants au concert dénommé Jazz-Rumba expérience dans l'enceinte de l'institut français.
Avec son morceau dénommé jazz dont le texte s'adressait aux enfants de Goma victimes de la guerre, pour marquer son entée et surtout sa présence scénique, Gabriel Wadingezila et son équipe se sont accaparé du public dès la première note de leur morceau avant de le faire voyager dans un mélange rythmique, percutant aux sons des guitares, fanfares et violon confondus.
Après cette ouverture riche en couleur s’en est suivi NGOMA art avec Jay percussion, une immersion en dance traditionnelle d’une résonnance musicale particulière mettant en boucle le mot « Igwe (Ndlr Roi) », performance unique mettant en valeur la tradition Africaine.
Reconnu pour sa voix fine, le saxophoniste Jonathan HANS a mis tout le monde d'accord en interprétant « Flora la femme difficile » de Franco LUAMBO, icône incontestable de la musique Congolaise d'heureuse mémoire. Une interprétation qui a remonté des souvenirs sur la surface, un Live sans précédent, de la performance pure. Cette communion entre l'artiste et son public passant par ce passage « Lokola toyebani te o tozala ba camarades (Ndlr Comme nous ne nous connaissons pas, restons juste amis) » répété en boucle. Une Musique Rumba revisitée et trempée en Jazz.
« Le Jazz mélangé à la Rumba, c'est quelque chose de grand. En soi c'est un style de musique qui prône la liberté de l'expression et quand on le mixe avec la culture, sincèrement c'est du lourd » confie Jonathan HANS.
S'en est suivi la prestation de KASEREKA YUSUBU, qui s'est hissé avec « Suzan », une rumba pure trempée dans le jazz exécuté à la mutuashi (rythme Luba), un cocktail de la musique africaine pure. De la technique vocale, passant par la maîtrise parfaite de son art, l'artiste a charmé le public par sa prestation et par son style personnel.
Pour Blandine, jeune fille retrouvée sur place, c'était la première fois de voir une personne avec des potentiels comme YUSUBU. « YUSUBU est gravement talentueux. C'est difficile de reproduire tout ce qu'il dégage en terme de technique vocale, énergie, mélodie et texte. C'est une première fois pour moi d'assister à ça ».
Avec la montée de Yeremiya VINDA, l'ambiance dans l'enclos a changé de tentions. « Minerais ina uwa (Ndlr Le minerais tue », ces premiers mots de la chanson de l'artiste, saucissonnés des cris profonds et émouvants en expression c'était wow, le top de top pour la soirée. Le deuxième titre issu également d’une improvisation musicale qui a raisonné de la majeure passant par la mineure mélodique ascendante mélangée de mineur harmonique et biens d’autres gammes compilées. « Cultivons l'amour » était du vrai chœur d'œuvre, exécuté avec le public avant de chuter avec « Maisha ku chukuliana yote twa funza apa chini (Ndlr La vie c’est la tolérance, tout s’apprend ici sur la terre)» avec une chorale techniquement armée, véritable transfert émotionnel. Pour cet artiste, le mélange de la Rumba au Jazz est prometteur pour des raisons historiques nous confié comme suit : « Chacun a eu une bonne expérience dans toutes ces choses que nous avons proposé en revisitant de la Rumba tout en y ajoutant du Jazz. La culture ne se fige pas dans le temps, elle évolue. Mélanger la rumba au jazz est prometteur, parce que le jazz a une histoire très profonde dans les libérations, la paix et beaucoup des choses qui se sont passés dans le temps »
Reconnu comme patrimoine de l’UNESCO depuis 2011, le Jazz est un genre de musique né aux États-Unis au début du XXe siècle. Issu du croisement du Bluzz, du reggaeton et de la musique européenne. Il s'agit d'une forme de musicalité qui réunit des qualités telles que le swing, l'improvisation, les interactions entre les musiciens du groupe, le développement d'une expression personnelle, et l'ouverture à différentes possibilités musicales.
David ASIMWE