Nord-Kivu: les professeurs de l'université de Goma en grève sèche

Suivant le mot d’ordre du RAPUICO ( Réseau des Associations des Professeurs des Universités et Instituts Supérieurs du Congo) , les professeurs regroupés au sein de l’APUGOM (Association des Professeurs de l’Université Goma), sont également en grève depuis le 9 décembre 2024.

Nord-Kivu: les professeurs de l'université de Goma en grève sèche
Quelques enseignants de l'APUGOM devant la presse ce jeudi 19 décembre 2024. © Moïse Materanya

Le personnel universitaire de la République démocratique du Congo (RDC) a suspendu toutes ses activités académiques depuis le 9 décembre pour protester contre les promesses non tenues du gouvernement d’augmenter leurs salaires. Selon les universitaires en grève, ils ne retourneront pas en classe tant que tous leurs problèmes n’auront pas été résolus.

L'APUGOM comme le RAPUICO souhaitent que les échelles salariales des enseignants payés par les universités (employés non régularisés) par opposition aux professeurs payés par le gouvernement soient intégrées dans la structure salariale du gouvernement. Ils demandent également la correction des échelles salariales attribuées à tort afin que chaque professeur puisse être rémunéré selon l’échelle qui lui a été attribuée.

Les membres du personnel se sont également plaints du fait qu’ils ont rehaussé leur niveau académique alors que leur salaire est resté le même depuis des années.

Une nouvelle grille salariale

Selon la nouvelle grille salariale convenue en octobre 2023, les professeurs d’université payés par le gouvernement réclament une augmentation d’environ 750 dollars pour les professeurs associés et de 1 946 dollars pour les professeurs émérites. Ceux qui sont payés par les universités veulent aussi que leurs salaires soient alignés sur la grille convenue par le gouvernement en 2023.

« Il y a le problème de paiement des arriérés depuis mars 2023 qu’on n appelle ici la paye complémentaire. Il y a les paiements des professeurs selon leur grade actuel. Il y en a beaucoup ici au Congo, ce n’est pas seulement ici à l’UNIGOM (Universitaire de Goma) mais c’est au Congo. Il y a beaucoup d’enseignants qui ne sont pas payants à leur grade. Il y a également la mécanisation des docteurs à thèses. Et ça c’est connu c’est une histoire aussi très vieille parce qu’il y a beaucoup de docteurs à thèse qui ne sont pas encore prises en charge. Il y a également la livraison des véhicules restants. On a fait la distribution pour la première fois mais il y a eu une grande partie qui n’a pas été servie et là on a réclamé ce que cette livraison continue. Il y a eu l’adoption d’une nouvelle grille barémique qu’on a sollicité et il y a également le paiement de la prime de recherche » ; se plaint le professeur Déogratias Munguakonkwa Chimere, président de l’association des professeurs de l’Université de Goma.

Les étudiants en sortent victimes 

Pour Dupond Mushangalusa, étudiant en économie à l’ Université de Goma , le problème vient du manque de patriotisme des autorités congolaises.

« Les députés, les ministres et autres hauts fonctionnaires ont des salaires mensuels qui équivalent à plus d’une année de salaire d’un professeur. Nous en appelons à la bonne volonté des autorités congolaises pour résoudre cette situation au plus vite. Nous sommes fatigués des longues année académiques à cause des grèves à répétition», a-t-il déclaré.

Déjà confrontés au nouveau système d’enseignement LMD, dont sa mise application effective tarde et l’adaptation des étudiants pose un sérieux problème ; à des infrastructures inadéquates et à un avenir incertain, les étudiants sont les victimes premières victimes de ce conflit entre le gouvernement et le banc syndicat des professeurs de la RDC.

« Nous sommes confrontés à une situation incompréhensible. Le gouvernement de la RDC, qui est censé investir dans notre éducation, nous laisse constamment tomber. Dans de nombreuses universités du pays, les cours ont été interrompus suite aux grèves des professeurs », a déclaré Jacques Ntumba, de l’ Université Pédagogique Nationale.

La réponse du gouvernement

Du côté du gouvernement, des efforts sont en cours pour mettre en œuvre progressivement les accords. Selon la professeure Marie Thérèse Sombo, ministre de l’Enseignement supérieur, les plaintes des enseignants et personnels académiques en grève seront traitées avant la fin de l’année 2024. « Pour 2024, le paiement complémentaire aura été effectué et nous sommes en train de mettre en place un comité interministériel pour suivre les accords. Nous nous sommes réunis pour travailler là-dessus et nous espérons que les problèmes seront résolus », a-t-elle déclaré sur X au début du mois de décembre.

Des pourparlers se poursuivent entre le banc syndicat du RAPUOCO et le gouvernement jusqu’à présent.

Soulignons que les professeurs de l’université de Goma tiennent à rassurer l’option publique qu’ils sont en grève depuis le 9 décembre dernier. Ils mettent en garde un groupe des « professeurs » qui disent que les activités académiques évoluent normalement sur toute l’étendue de la province du Nord-Kivu.