RDC : À l'Est, le réchauffement climatique aggrave les défis sociaux

L'Est de la République Démocratique du Congo fait face à des conséquences inquiétantes du réchauffement climatique, qui bouleverse les écosystèmes locaux et exacerbe les inégalités sociales et économiques. Les changements climatiques affectent directement la productivité agricole, provoquent des tensions pour l'accès aux ressources naturelles et amplifient les défis économiques. Ces impacts appellent des réponses urgentes, notamment à travers des réformes juridiques, des initiatives locales et une mobilisation collective pour construire un avenir plus résilient et équitable.

RDC : À l'Est, le réchauffement climatique aggrave les défis sociaux
Maître Olivier Ndoole, Avocat d'intérêt public, défenseur des droits fonciers et justice climatique

L'Est de la République Démocratique du Congo est confronté à des conséquences inquiétantes du réchauffement climatique. Les variations climatiques imprévisibles bouleversent les écosystèmes locaux, exacerbant les inégalités sociales et économiques.

En 2023, dans la région du lac Édouard, les pêcheurs ont subi une diminution drastique des stocks de poissons due à l’augmentation des températures et aux changements des cycles hydrologiques. Cette situation a non seulement réduit leurs revenus, mais a aussi entraîné des conflits avec les pêcheurs ougandais, les populations traversant les frontières pour chercher des ressources halieutiques. Ces tensions transfrontalières ont conduit à des arrestations fréquentes et à une augmentation des déplacements forcés.

Ces bouleversements climatiques affectent lourdement l'agriculture, une source vitale de subsistance pour les communautés locales. Maître Olivier Ndoole, Avocat d'intérêt public, défenseur des droits fonciers et justice climatique,  secrétaire exécutif de l'organisation Alerte Congolaise pour l'environnement et les droits de l’homme,  ACEDH en sigle  et membre du Réseau mondial des avocats de l'environnement ELAw explique : « Ces perturbations impactent directement la productivité agricole et mettent en péril la sécurité alimentaire. La rareté des pluies et les décalages dans le calendrier agricole réduisent les récoltes, ainsi que la disponibilité des produits de la pêche et de l’élevage ».

Sur le plan social, les conséquences sont tout aussi préoccupantes. Selon Maître Olivier, « la raréfaction des ressources naturelles engendre des tensions croissantes entre communautés rurales. Les conflits pour l’accès aux terres fertiles, aux rivières poissonneuses et aux forêts médicinales s’intensifient, aggravés par la rareté du bois de chauffe qui touche également les zones périurbaines. Ces pressions augmentent les inégalités sociales et la vulnérabilité des groupes marginalisés, notamment les femmes et les peuples autochtones. »

A lui d’ajouter, « les impacts économiques et environnementaux sont également majeurs. Environ 80 % des revenus ruraux proviennent de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage, des activités menacées par le réchauffement climatique. Les groupes armés exploitent les forêts pour produire du charbon de bois, contribuant à la déforestation et à l’insécurité. Les événements climatiques extrêmes poussent les populations à migrer vers des terres plus fertiles, intensifiant ainsi les tensions foncières ».

Cependant, des initiatives locales tentent de répondre à ces défis. La reforestation et l’agroforesterie sont encouragées pour restaurer les écosystèmes et renforcer la sécurité alimentaire. « Les savoirs traditionnels jouent un rôle clé dans la gestion durable des ressources », souligne Maître Olivier. Des programmes communautaires de conservation et des pratiques agricoles adaptées au climat commencent à porter leurs fruits.

Pour Maître Olivier, « des réformes juridiques et institutionnelles profondes sont essentielles pour garantir une justice climatique. » Il insiste également sur la nécessité de renforcer l’éducation environnementale et d’engager un dialogue inclusif avec toutes les parties prenantes. Protéger les écosystèmes, autonomiser les communautés et investir dans des solutions durables apparaissent comme des priorités pour construire un avenir plus équitable et résilient.

Augustin Sadiki