Nord-Kivu : Les organisations de la société civile environnementale expliquent les démarches concernant leur pétition contre l’exploitation du pétrole
Dans une conférence de presse ce jeudi 11 octobre 2018 au centre de presse de l’UNPC à Goma, les organisations de la société civile environnementale réunies au sein du consortium « Alliance pour les Moyens d’existence verts », GLA en sigle, ont expliqué aux journalistes les démarches concernant leur pétition contre l’exploitation du pétrole dans les parcs des Virunga et de Salonga. Celle-ci ayant été transmise ce 17 septembre dernier au président de la République pour exiger le non exploitation du pétrole au préjudice de l’Humanité et des communautés locales.
Couché sur deux pages, ce communiqué de presse stipule que la pétition a été signée par 23062 personnes issues de sept organisations de la société civile des populations riveraines des parcs. L’esprit de cette démarche est de voir le président de la république abroger toutes les dispositions du décret numéro 10/040 de juin 2010 créant les blocks pétroliers dans les parcs. « Cette décision instaurera une parfaite harmonie entre les bons actes du président, sa volonté d’aller vers une politique verte et le cadre légal dans son ensemble », a dit Josué Mukura, coordonnateur de FECOPEILE, une structure qui rassemble tous les pécheurs au sein du Lac Édouard.
Quels parcs sont à risque ?
Situés à l’Est de la RD Congo en province du Nord-Kivu et en Province de Bandundu les Parc National des Virunga et celui de la Salonga, sont plus qu’en risque. Le premier est les parcs le plus anciens de la RD Congo et d’Afrique. Créé en 1925 il s’étend sur huit cent mille hectares. Il est connu notamment pour la conservation des gorilles de montagne en milieu naturel mais aussi le lac Edouard situé dans ce parc, est l’un des lacs les plus poissonneux de la république. Les volcans et les massifs qui l’entourent regorgent des milliers espèces animales et végétales. Par sa diversité d’habitats allant des marécages et des steppes jusqu’aux neiges éternelles du mont Ruwenzori, à plus de 5.000 m d’altitude en passant par les plaines de la lave et les savanes sur les pentes des volcans fait de ce parc un site exceptionnel.
L'idée de créer le Parc national de la Salonga date des années 1940. Initialement, cette idée visait la transformation d'une partie de la cuvette du Congo en réserve naturelle intégrale en vue de garder intacte une partie de la forêt équatoriale2. Le parc fonctionne ainsi dès les années 1970. Avec environ 36 000 km2 de superficie, il est le plus vaste parc du pays et le deuxième mondial après le parc canadien de Wood Buffalo.
Il s'agit de la plus grande réserve de forêt tropicale humide. Il est accessible par voie d'eau uniquement. Plusieurs espèces endémiques menacées le peuplent, dont le paon du Congo, le chimpanzé nain ou "Bonobo", l'éléphant des forêts (Loxodonta cyclotis) et le gavial africain, aussi connu sous le nom de « faux crocodile », peut-on lire sur Wikipédia.
« Au vue de ces réalités et considérant que les deux parcs constituent des réserves inscrites au patrimoine de l’UNESCO, les organisations environnementales sont déterminées à lutter pour que ces richesses naturelles ne soient pas détruites à cause de l’exploitation du pétrole qui du reste est une ressource épuisable », a dit Josué Mukura avant de saluer le geste posé il y a peu par le président de la république Joseph Kabila en brulant un lot important d’ivoires.
Pour Josué Mukura, exploiter le pétrole aura des conséquences néfastes auprès de la population riveraine et de l’environnement. « Le gouvernement congolais a déjà pris beaucoup d’engagement sur le plan international et a déjà signé aussi plusieurs conventions. Même lorsque le président à prononcer son discours sur l’Etat de la nation récemment aux Nations Unies, il est parti aussi dans l’optique de la conservation de l’environnement en faisant référence à l’acte de destruction par incinération d’ivoire en date du 30 septembre 2018 à Kinshasa dans le parc de la N’sele. C’est pourquoi nous sommes fiers de dire que nos démarches sont prêtes à aboutir », a-t-il ainsi expliqué.
NON à l’exploitation du pétrole, OUI à l’économie verte…
Tenant compte de l’expérience d’autres pays qui exploitent déjà le pétrole, Josué Mukura fait savoir que plusieurs conséquences peuvent découler de l’exploitation du pétrole. Parmi ces conséquences, dixit Josué Mukura, il y a la dégradation de l’environnement, la perdition des poissons et d’autres espèces animales. Le consortium milite à tout prix à faire aboutir ses démarches, référence faite à l’esprit de l’article 27 de la constitution qui stipule que : « Tout Congolais a le droit d’adresser individuellement ou collectivement une pétition à l’autorité publique qui y répond dans les trois mois. Nul ne peut faire l’Object d’incrimination sous quelque forme que ce soit pour avoir pris pareille initiative ».
« Une fois le pétrole est exploité au sein du lac Edouard, celui-ci étant un pourvoyeur des moyens de subsistances et d’emplois, ce lac perdra sa valeur » ont soutenu tous les acteurs signataires. Présentes à la conférence de presse, certaines mamans vendeuses des poissons disent que si une fois le pétrole est exploité leurs économies et celles des nombreuses familles cesseront d’exister ; « le lac est pour moi la mère nourricière. Notre réseau des vendeuses des poissons ne dépend que du lac Edouard. Si une fois on exploite le pétrole nous ne saurons plus nourrir nos enfants et les scolariser » s’indigne Désanges, une femme commerçante des fruits de la mer membre de Uwaze concluant ; « nous préférons le poisson que du pétrole ».
D’après les études de ces associations de la société civiles environnementales, les parcs nationaux des Virunga et la Salonga peuvent renflouer les caisses de l’Etat grâce au tourisme. Cela à condition que la sécurité y soit rétablie. Ces organisations veulent que la RDC prouve à la face du monde son attachement à la politique de conservation exprimée pour la sauvegarde de ses aires protégées conformément à l’esprit de la conférence des Nations Unies de décembre 2015 en France (COP21), qui a accouché de l’Accord de Paris sur le climat.