Lubero au bord de la famine : Obedi Simisi exige la réouverture urgente du tronçon Katondi-Lubero
Face à la flambée des prix alimentaires et aux pertes humaines causées par la fermeture du tronçon Katondi-Lubero dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), le député national Obedi Simisi tire la sonnette d’alarme. Il plaide pour la réouverture de cette route stratégique, fermée pour des raisons sécuritaires, et appelle à un encadrement militaire renforcé afin de créer un couloir humanitaire sécurisé.

Dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, la situation alimentaire atteint un niveau critique. La fermeture du tronçon routier Katondi-Lubero par les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), décidée pour contrer les menaces d’incursion rebelle, a eu des conséquences socio-économiques lourdes pour la population locale. Depuis cette fermeture, les prix des denrées de première nécessité ont grimpé de manière alarmante.
Les transporteurs sont contraints d’emprunter un long détour par Kipese, Masereka et Lukanga pour atteindre Butembo. Ce nouveau parcours est dans un état dégradé, difficilement praticable, et a déjà provoqué plusieurs accidents graves. Selon le député national Obedi Simisi, élu de Lubero, la situation est catastrophique. « Depuis la fermeture, nous avons perdu plus de trente véhicules de type Fuson, sans parler des vies humaines. Il y a un surcoût logistique énorme, et aucune aide n’a été déployée dans cette zone depuis le début du mandat parlementaire et du gouvernement actuel », a-t-il déclaré à la tribune de l’Assemblée nationale.
Pour le député, la stratégie sécuritaire actuelle produit l’effet inverse de ce qui était recherché. « Il y a un paradoxe sécuritaire. Au lieu de protéger la population, on l’expose encore plus. Les détours imposés sont devenus des couloirs de tracasseries, où les militaires rançonnent, où les accidents sont quotidiens, et où la jeunesse appauvrie est livrée à elle-même », a-t-il alerté. Il craint que cette misère accrue ne devienne un terrain fertile pour le recrutement de groupes armés comme le M23.
L’impact économique se fait durement sentir. Un sac de manioc qui coûtait auparavant moins de 10 000 francs congolais se négocie aujourd’hui entre 25 000 et 30 000 francs. Une hausse insoutenable pour les familles. Obedi Simisi propose une mesure urgente et ciblée : « Il faut rouvrir immédiatement le tronçon Katondi-Lubero. Mais pas sans sécurité. Je recommande un contrôle militaire renforcé, avec des checkpoints bien organisés, et une coordination entre les FARDC et l’UPDF. Il faut créer un couloir humanitaire de dix kilomètres pour faciliter le passage des vivres et des biens essentiels. »
Le député a enfin interpellé directement le président de l’Assemblée nationale, l’appelant à user de tous les moyens à sa disposition pour faire pression sur le gouvernement et aboutir à une solution rapide. « Ce peuple ne peut plus attendre. Il souffre, et chaque jour de retard aggrave la crise. »
????️ Par Victoire Muhindo