Afrique du Sud : Décès de l'archevêque anglican Desmond Tutu
L'archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, est décédé ce dimanche 26 décembre 2021, l'a-t-on appris de la présidence sud-africaine. Icône de la lutte contre l'apartheid et prix Nobel de la paix en 1984, il a tiré sa révérence à l'âge de 90 ans. En Afrique du Sud, il est réputé pour Prêtre anglican, militant, auteur de non-fiction. Sur son compte twitter, le président Cyrille Ramaphosa salue la mémoire d'un « leader de principe et de pragmatisme qui a donné un sens à l'idée biblique que la foi sans les œuvres est morte ».

« Nous prions pour que l'âme de l'archevêque Tutu repose en paix mais que son esprit reste en sentinelle pour l'avenir de notre nation », a-t-il écrit. https://t.co/ULGzhOOn9E
Conjoint à Normalizo Leah Shenxan, l'archevêque Desmond Tutu a travaillé pour l'Université nationale du Lesotho. Auteur d'une théologie Ubuntu de la réconciliation, il fut ensuite le président de la Commission de la vérité et de la réconciliation, chargée de faire la lumière sur les crimes et les exactions politiques commis, durant l'apartheid, au nom des gouvernements sud-africains, mais également les crimes et exactions commis au nom des mouvements de libération nationale.
Biographie
Desmond Tutu est né à Klerksdorp, dans le Transvaal, le deuxième des trois enfants de Zacheriah Zililo Tutu et de son épouse, Aletta. La famille Tutu déménage à Johannesburg quand Desmond a douze ans. Son père est un enseignant et sa mère, une femme de ménage et cuisinière dans une école pour les aveugles.
Études
Desmond Tutu fait ses études dans la ville de Johannesburg. Il veut dans un premier temps devenir médecin, mais de telles études coûtant trop cher pour sa famille, il se destine à devenir instituteur, tout comme son père. De 1951 à 1954, il étudie et commence à enseigner en 1954 au Johannesburg Bantu High School. Mais il démissionne en 1957, pour protester contre la mauvaise qualité de l'enseignement donné aux Noirs.
Il décide alors de s'orienter vers la théologie. Il est ordonné prêtre de l'Église anglicane en 1961 et devient l'aumônier de l'université de Fort Hare. Fort Hare est à l'époque une des seules universités de qualité pour les Noirs d'Afrique du Sud et d'Afrique australe ; les principaux dirigeants actuels du pays y ont étudié. Desmond Tutu obtient en 1966 une maîtrise en théologie au King's College de Londres, et retourne ensuite en Afrique du Sud, où il travaille comme professeur de théologie.
De 1972 à 1975, il revient en Angleterre, où il est le vice-directeur du Theological Education Fund (TEF) du Conseil œcuménique des Églises à Bromley dans le Kent. Nommé doyen du diocèse de Johannesburg en 1975, il est le premier Noir à occuper ce poste. Il devient évêque du Lesotho (1976-78), puis premier secrétaire général noir du Conseil œcuménique d'Afrique du Sud (1978-85).
Militantisme contre l'apartheid
Après l'assassinat, en 1977, de Steve Biko, fondateur du Mouvement de conscience noire et co-organisateur des émeutes de Soweto, Tutu fit le prêche lors de ses funérailles. Il rendit par la suite hommage à Biko et au Mouvement de conscience noire, qui avait attiré l'attention sur la dimension performative du langage et non simplement descriptive, conduisant ainsi les Noirs à se mésestimer eux-mêmes. Tutu participe aux réunions clandestines du Black consciousness movement. Au sein du TEF, Tutu participe aussi au mouvement de Black theology (théologie noire) et s'initie à la théologie de la libération venue d'Amérique latine.
Au cours de plusieurs années de sermons et de prédications, il fait passer « un message de paix et de non-violence ». Il critique aussi bien l'apartheid que les Noirs qui réclament vengeance. Ses prédications contribuèrent à la lutte pacifique menée contre les gouvernements afrikaners et c'est pour ce combat pacifiste contre le système de l'apartheid, qu'il reçoit le 16 octobre 1984, le prix Nobel de la paix. Pour lui, la paix entre les peuples est la seule voie possible.
Auréolé de sa nouvelle stature internationale, le 7 septembre 1986, il est nommé archevêque du Cap, pour l'Église anglicane d'Afrique du Sud, devenant le premier Noir à occuper cette fonction. Cette nomination est critiquée par ses opposants. Il organise alors des protestations contre la ségrégation raciale et des campagnes de boycottage, dont celle du charbon d'Afrique du Sud. Il milite également pour des écoles communes, qui représentent pour lui une étape essentielle dans la réconciliation de l'Afrique du Sud. Il milite aussi contre la réglementation des déplacements des Noirs, les « pass-laws ».
Non seulement l’Afrique du Sud qui pleure mais aussi et surtout toute l’Afrique perd encore une icône.
Jocel Kasereka Biryeka