Défrichage route beni-kasidi : le maire et l’ICCN ne parlent pas le même langage
Le comité urbain de sécurité de BENI a décidé il ya quelques jours de défricher les deux bords de la route BENI-KASINDI, au niveau de KITCHANGA en plein parc de VIRUNGA. Cette décision a suscité l’indignation de l’institut congolais pour la conservation de la nature ICCN. Pour le maire de BENI : « l’arbre peut repousser mais les populations qui ont perdues leur vie en ce lieu ne sont pas encore ressuscité » : comme pour répondre à l’ICCN que la forêt ne vaut guère la vie humaine.
Dans le but d’assurer la sécurité des voyageurs qui empruntent le tronçon routier BENI-KASINDI, le commandement des opérations SUKOLA1 en collaboration avec le comité urbain de sécurité de BENI a décidé de débroussailler les deux bords de la route BENI-KASINDI à hauteur de KITCHANGA en plein parc des VIRUNGA. En effet, 100 mètres de part et d’autre de la route ont subi le débroussaillage depuis l’exécution de cette mesure il y a de cela 2 semaines.
Mécontent, l’Institut congolais pour la conservation de la nature(ICCN), cette instance qui gère le parc national de Virunga a exprimé son indignation vis-à-vis de cette action. Dans un communiqué publié jeudi 10 mai, l’ICCN a tenu à rappeler aux habitants de BENI et de ses environs qu’il est interdit d’abattre des arbres dans le PARC : « la protection et le défis du renforcement de la sécurité au profit des populations riveraines du parc mais aussi des usagés des routes qui le traversent ne doivent pas être pris comme prétexte pour détruire notre environnement », mentionne ce communiqué.
La mairie contrattaque
Ce communique de l’ICCN a été un dérangement pour l’autorité urbaine de BENI. NYONYI BWANAKAWA a tenu à préciser que cette mesure n’a pas été prise pour abattre les arbres du parc mais juste pour enlever la brousse qui cacherait les rebelles et qui empêcherait les militaires à bien faire leur travail. Le maire de ville dit cependant ne pas comprendre que l’ICCN vienne s’indigner d’une mesure sécuritaire alors que son intervention dans la sécurisation est quasi-absente. « Nous sommes surpris de voir que l’ICCN se prononce contre cette mesure alors que les civils perdent leur vie à cet endroit sans qu’on ne constate l’intervention des éco-gardes censés protéger le parc », a-t-il indiqué. Il ajoute, « d’ailleurs, ces éco-gardes n’ont jamais été en mesure de déloger les groupes armés qui, visiblement ont des campements dans cette aire protégée. Ils devraient considérer ces rebelles comme des braconniers et les traiter comme tels ».
La vie humaine est-elle renouvelable ?
L’autorité urbaine mentionne que l’environnement peut être renouvelé mais pas la vie humaine. « En tant que chef d’entité, nous avons le devoir de protéger les populations. Pour y arriver, nous faisons usage de tous les moyens. Si nous pouvons couper un arbre aujourd’hui, il va repousser demain, mais l’homme ne vit qu’une seule fois », renchérit NYONYI BWANAKAWA.
La mesure portant défrichage de la route dans les endroits menacés par les rebelles ADF a été prise consécutivement à l’embuscade du vendredi 20 avril 2018 qui a couté la vie à 5 personnes et l’incendie de 3 véhicules.
Samuel Sirasi