Des femmes disent stop aux massacres à Beni

Une centaine des femmes de Beni, toutes les associations confondues ont effectué un sit-in la journée de ce jeudi 26 avril 2018 dans la cour de la mairie. Colériques, ces femmes ont exprimé leur indignation face aux massacres persistants dans la contrée. Touché par la douleur de ces dernières, le maire ad intérim de Beni leur a remis une chèvre pour compatir avec elles.

Des femmes disent stop aux massacres à Beni
Sit in des femmes devant la mairie de Beni

« Nous sommes venues pour être entendu par l’autorité urbaine ; Nous voudrions demander à nos autorités pourquoi le massacre persiste-t-il à Beni. Nous souhaitions juste un dialogue social parce que nous avons constaté que nous, femmes, paraissons insouciantes de la souffrance de la population. Cela, contrairement aux actions des femmes libériennes qui se sont levées jusqu’à faire partir le président Charles Taylor du pouvoir… » a déclaré l’une des femmes. Elle a préféré garder l’anonymat.

Sur place, ces femmes ont pleuré pendant un bon moment sans vouloir écouter quiconque. Selon elles l’insécurité a plus que duré dans ces coins de la province du Nord-Kivu : « nous sommes fatiguées, 4 ans c’est trop. Nous piquons des crises suite aux morts. Nous avions perdu nos enfants, nos maris… Trop c’est trop », a-t-elle poursuivi.

 Vraiment en colère…

Les femmes en ont vraiment marre des tueries. Ce ras-le-bol a été exprimé par le débordement de la colère au point que certaines d’entre elles se sont déshabillées en public. Cet acte a surpris presque tout le monde, surtout le maire adjoint de la ville de Beni, Bakwanamaha Modeste visiblement triste, touché par la douleur de ses hôtes : « Je vous demande de vous présenter dans la salle de réunion de la mairie après demain, Samedi de 28 avril 2018 pour des échanges », dit-il

Femmes compatissantes

Par ailleurs, pour apaiser les esprits de ces femmes vraiment en colère, Bakwanamaha Modeste a remis une chèvre à celles-ci en guise de réparation coutumière : « Il a bien fait ! C’est compliqué pour notre ville quand les femmes exhibent leur nudité. C’était une façon pour elle de maudire la ville », dit un quadragénaire qui maitrise mieux la culture locale.

 Compatissantes, ces femmes ont préféré emmené avec elles cette chèvre au lieu de deuil de l’une des victimes de l’insécurité. C’est un officier des FARDC dont le corps sans vie a été découvert près d’un cimetière du quartier Rwangoma en commune Beu le Mercredi 25 avril dernier. Séance tenantes, elles ont constitué une délégation qui est allé compatir avec la famille de ce capitaine des FARDC, décédé dans des circonstances jusque-là non élucidées.

Samuel Sirasi