Procès 100 jours : Vital Kamerhe menace de mettre le feu
La deuxième audience du procès Kamerhe et consorts devant la Cour d'appel de Matete a tenu ses promesses. La Cour a essayé d'avancer dans le fond de l'instruction en posant des questions de fond du procès de détournement des deniers publics pour lequel Vital Kamerhe et deux coaccusés, à savoir Samih Jamal et Muhima sont poursuivis par la République.
C’est lundi 25 mai 2020, a eu lieu la deuxième audience de Vital Kamerhe. De façon générale, les deux prévenus entendus au cours de ce procès ont usé de la verve oratoire, même le Libanais Jamal a réussi à dépasser les difficultés de langage dont il a fait preuve à la première audience, même si son expression ne coule pas dans un français des académiciens. Mais, au moins, M. Jamal s'exprimait pour se faire comprendre des juges.
Vital Kamerhe, dans sa verve oratoire légendaire, n'a pas raté l'occasion de se mettre en vedette, un peu trop sûr de lui, dans son statut de directeur de cabinet. Mais dès le départ, Kamerhe pose la question de savoir pourquoi on doit l'humilier en le maintenant en prison.
Dans un exhibitionnisme qui frise l'arrogance, Vital demande à l'accusation de lui opposer les preuves qui l'inculpent dans ce procès et pour lesquelles il doit continuer à croupir en prison. Car, a-t-il poursuivi, il a, lui aussi, aligné des pièces pour se disculper de l'accusation qu'il juge incorrecte pour sa personne.
Dans ses déclarations, Vital Kamerhe présente le bilan flatteur du régime Tshisekedi, dans le cadre du programme d'urgence du chef de l'État.
« Le camp a revêtu sa nouvelle robe avec de belles maisons pour militaires, Kananga n'a jamais eu de nouvelles habitations depuis l'indépendance, la gratuité de l'enseignement primaire… Autant de réalisations dans le cadre du Programme de mes 100 jours que les gens voudraient présenter comme un crime" », a dit en substance V. Kamerhe.
Mais en disant cela, Kamerhe est en train d'opposer la gestion du nouveau régime à celui de l'ancien régime sous Kabila. Où tout au moins, il doit dire à l'opinion, à qui s'adresse-t-il ou qui vise-t-il ? Et pour bien comprendre sa pensée, V. Kamerhe fait remonter tout au gouvernement Tshibala, et au directeur de cabinet de Joseph Kabila.
Heureusement que le ministère public a recadré pour dire qu'à l'époque Néhémie Mwilanya était déjà candidat. Et c'est M. She Okitundu qui en assumait la responsabilité. C'est comme qui dirait : ce procès oppose les Kivutiens entre eux.
Plus loin, c'est sur un autre Kivutien que V. Kamerhe s'est déchargé, le mettant devant le juge. C'est Justin Bitakwira, ministre honoraire du Développement rural qui a signé le contrat avec la société Samibo de Jamal.
Vers la fin du procès, le tribunal a dressé la liste des témoins cités dans l'affaire qui doivent déposer devant le tribunal lors de l'audience du mercredi 3 juin 2020 prochain. Au nombre d'eux, il y a Amida Chatur, épouse de Kamerhe.
La citation à témoin de l'épouse de Kamerhe suscite la levée des boucliers parmi les avocats de la partie Kamerhe qui ne s'explique pas la nécessité de faire venir à la barre Mme Amida. « On peut tout vous arracher : la liberté, la parole, l'honneur mais pas la dignité ». Et sur ces entrefaites que Vital Kamerhe va menacer en disant : « Je vais mettre le feu ». Propos qui sont tombés dans les oreilles de l'avocat de la République qui a repris ces propos devant les micros.
« Mettre le feu où exactement ? » Est-ce à dire que Vital Kamerhe garde certains fers au feu, quitte à les sortir le moment venu quand il se sentira coincé ? Ira-t-il jusqu'à tout déballer pour éventrer le boa le moment venu ? C'est la lecture la plus simplicité qu'on ferait de cette menace de mettre le feu « à la case ».
Qui vivra verra, dit-on.
Masand MAFUTA. / Correspondant du Gr-Em à Kinshasa.