Le premier dé fipour Maman Sambo Sidikou : « la Paix».

Le premier dé fipour Maman Sambo Sidikou : « la Paix».
Troisième numéro, journal Emergence

Le premier dé fipour Maman Sambo Sidikou : « la Paix».
 

Devant une foule des journalistes, lors de l'inauguration du centre de presse à Goma, en Novembre dernier, le nouveau patron de la MONUSCO a clairement dévoilé ses priorités. Pour lui, c'est d'abord la paix en suite les élections. Tout est possible, lorsque les protagonistes parlent un même langage. (Page 3)

Sommaire:

Beni/NK : Le mariage précoce et forcé : une arme développée par les ADF, Goma Le journaliste doit aussi contribuer à la paix, Walikale Walikale et Ntoto seront-ils aussi sécurisés ???, Pékin/Chine: Interview : L'étranger n'est plus un paradis, mais un enfer, Goma : un nouveau réseau social, qui voit le jour à Goma, Provinces Nord et Sud-Kivu Bientôt la promotion de l'entrepreneuriat agricole chez les jeunes

Qui sommes-nous ?

« Les médias ne peuvent pas rester neutres face aux enjeux de la paix ». Cette affirmation est le principe de base d'une théorie du journalisme relativement nouvelle : « le journalisme de paix ».

Cependant, c'est Johan Galtung, sociologue norvégien, et figure emblématique de la recherche sur la résolution des conflits, Fondateur de l'International Peace Research, qui est l'inventeur du terme « journalisme de paix », et c'est lui, le   précurseur de la théorie du même nom.      Pour lui, parler de « Journalisme de paix », « journalisme sensible aux conflits », « journalisme de médiation », « journalisme proactif », ou encore du « journalisme pour le développement », selon les ONG, c'est faire allusion à un seul et même concept : celui d'une utilisation des techniques du métier de journaliste dans la prévention et résolution des conflits. L'auteur illustre le journaliste traditionnel en le comparant à un médecin qui observerait l'évolution d'une maladie sans tenter de soigner son patient. La maladie est conçue comme un phénomène naturel, comme une lutte entre le corps humain et le facteur.

Pour cette catégorie de journalisme, parfois c'est un côté qui gagne, parfois c'est l'autre. Comme dans un jeu de football. La tâche du journalisme traditionnel est de couvrir cette lutte de manière objective, en gardant l'espoir que notre côté, le corps, sorte vainqueur. Ce type de journalisme, focalisé sur la lutte entre le corps humain et la maladie, un compte-rendu objectif de la situation, et sur son issue (qui gagne ?), Galtung l'appelle journalisme de guerre, ou journalisme de combat, par opposition à un journalisme de paix qui porterait son attention non seulement sur le conflit mais également sur les solutions pacifiques à y apporter.

C'est par exemple, les journalistes « traditionnels » qui s'appliquent à « rendre compte des faits » : 18 morts à Walikale, 9 personnes kidnappées à Rutchuru hier et 22 le lendemain, telle est la ritournelle à laquelle a fini par s'habituer l'auditeur, le lecteur ou le téléspectateur. Cette manière de « rendre compte », dans ce contexte, s'apparente quelque peu à un compte-rendu d'une partie de football...  Le journaliste proactif par contre, met son travail au service de la prévention et de la gestion des crises, au service de l'émergence de la paix.

Afin d'y arriver, voici une liste des « choses à ne pas faire », destinée à tout journaliste adepte du « pro activisme » : 1. Eviter de réduire le conflit à deux côtés qui s'opposent, avec comme conclusion logique, un futur gagnant et un futur perdant. Alternative : éclater les deux acteurs en leurs différentes composantes, en expliquant leurs revendications, leurs nécessités. 2. Eviter de réduire le conflit à l'espace-temps des violences. Ne pas confondre conflit et violences. Alternative : mettre en évidence les liens et conséquences avec d'autres personnes dans d'autres endroits ainsi que les répercussions dans le futur. 3. Eviter d'évaluer les mérites d'une action/politique de violence uniquement par rapports à ses effets visibles. Alternative : montrer la face invisible de cette violence : les risques, à long terme, de dommages psychologiques ; éventuellement la possibilité accrue de voir les victimes d'aujourd'hui reproduire demain des actes violents. 4. Eviter de laisser les protagonistes se définir par les déclarations de leurs chefs quant à leurs demandes, leurs réclamations. Alternative : faire une enquête plus profonde sur la manière dont les personnes de terrain sont affectées dans leur vie quotidienne. 5. Eviter de mettre en évidence continuellement ce qui divise les parties, les différences entre ce qu'elles déclarent vouloir. Alternative : poser les questions susceptibles de dévoiler des zones communes entre les parties, faire ressortir les réponses suggérant que certains objectifs sont compatibles, voire partagés. 6. Eviter de couvrir uniquement les actes de violence, décrivant dès lors l’« horreur ». Si l'on exclut tout le reste, on suggère que l'unique explication de la violence réside dans des violences antérieures (revanche) ; et le seul remède semble être plus de violence (punition). Alternative : expliquer cette violence en montrant combien les protagonistes ont été bloqués/frustrés/privés dans leur vie de tous les jours. 7. Eviter de blâmer quelqu'un d'« avoir commencé ». Alternative : essayer de discerner de quelle manière les problèmes partagés conduisent à des conséquences qu'aucune des parties n'avait désirées.  8. Eviter de saluer la signature d'accords par des dirigeants, qui semblent montrer la victoire militaire ou le cessez-le-feu, comme seule solution vers la paix. Alternative : continuer à parler des autres obstacles à la sortie de crise, susceptibles de conduire à de nouvelles violences dans le futur. Se poser la question de savoir ce qui est fait sur le terrain pour renforcer les moyens de résoudre le conflit de manière pacifique, de répondre aux besoins structurels de la société et de créer une culture de paix. 9. Eviter de toujours se concentrer sur les souffrances et les peurs du même côté. Alternative : Considérer comme digne d'intérêt les peurs et les souffrances de tous les protagonistes. 10. Eviter de présenter des opinions comme s'il s'agissait de faits. Si quelqu'un fait une déclaration, préciser son nom, de sorte que ces propos soient perçus comme un avis externe et non comme le fait du journaliste. Lorsque le journaliste a choisi d'utiliser ses armes, sa plume, son micro ou sa caméra, pour promouvoir la paix, il doit adopter une attitude particulièrement vigilante dans le choix de ses mots. Ainsi, certains termes d'usage courant sont souvent utilisés de manière erronée et l'utilisation de certains mots de façon inappropriée peut générer des conséquences parfois malencontreuses. Il s'agit par exemple de Génocide : (de génos, race) extermination (anéantissement) d'un groupe ethnique, social ou religieux, Assassinat : meurtre prémédité. Ce mot est trop souvent employé sans que la notion de préméditation ne soit prouvée, Massacre : (de macecre, abattoir, fin XVIème s.) action de tuer délibérément des victimes sans défenses ou désarmées, Systématique : (ex. viols systématiques), Qui est intégré dans un système, qui procède avec méthode, dans un ordre défini, pour un but déterminé…

Journal, l'Emergence

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