Une incursion armée avortée avec un bilan controversé
Par des crépitements des balles et des bombardements, une dizaine d’hommes armés ont attaqué Goma dans la nuit du premier au deux juin dernier. Après la contrattaque des forces loyalistes, certains de ces éléments ont été arrêtés. Ces assaillants justifient leur acte par le fait que leurs droits sont bafoués.
« Une personne tuée et 34 capturés du côté des assaillants et un élément des FARDC du côté des forces loyalistes a été abattu », c’est le bilan des autorités provinciales après l’incursion armée survenue à l’aéroport de Goma dans la nuit du 02 au 03 juin 2015.
Dès lors, la société civile et les partis politiques de l’opposition ne cessent de condamner la fragilité des Services de sécurité car selon eux, ils n’ont pas su identifié l’ennemie qui a attaqué l’aéroport, lieu stratégique du pays. Ces derniers parlent par contre d’un bilan lourd du côté des loyalistes car l’ennemie les aurait surpris dans leur logement où il leur jetait des grenades.
Après un controverse autour du bilan des attaques, un agent de l’aéroport dévoile qu’« une dizaine des militaires, même leurs dépendants dont une femme seraient tuées dans cette attaque. Car l’ennemie les a surpris, au moment où qu’il pleuvait abondamment pendant cette nuit ». Selon la même source, les bombes ont aussi touché deux avions qui se trouvaient sur la piste de l’aéroport dont un hélicoptère de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO).
Situation aussi controversée
La réalité de l’attaque reste confuse. Pendant que, bon nombre des Gomatraciens se trouvaient déjà sur leurs lits pendant le sommeil, ce sont les crépitements des balles qui fusaient de partout et qui s’en est suivi des armes lourdes dont des grenades. Ces tirs semblaient confirmer de plus en plus l’hypothèse de la guerre, contredisant ainsi les propos officiels qui attribuaient cet assaut à des petits bandits : «si c’était des petits bandits, les armes lourdes ne pouvaient pas être tirées de cette manière… », commentent quelques internautes sur facebook.
Et pourtant, Edgard Mahungu, Conseiller en matière de communication du gouverneur a déclaré très tôt ce matin-là aux medias locaux que, « c’étaient des bandits armés qui tentaient de cambrioler une des banques de la ville ». Cela, pour tenter d’apaiser les populations. « La situation est sous contrôle. Ce sont les bandits qui tentaient de cambrioler une banque au centre-ville. Et nos forces loyalistes sont à leur poursuite, malheureusement, ils ont une voiture et prennent la direction de l’aéroport… », déclare un autre conseiller du Gouverneur.
L’hypothèse de la guerre se confirme
Au centre-ville, on observe les groupuscules des motards, des curieux et des badauds qui discutent sans cesse et à voix basse pour éviter les regards fuyants des agents de sécurité éparpillés partout en ville, traquant ainsi selon eux, les semeurs des troubles. En écoutant les échanges jaillissants de ces groupuscules, l’hypothèse du cambriolage de la banque cède plutôt à une nouvelle guerre en gestation à l’Est de la RD Congo.
Ainsi, l’hypothèse d’une guerre en gestation se confirme le lendemain de l’attaque lorsqu’une trentaine de personnes dont quelques personnalités et notables de la ville sont arrêtés par les agents de renseignement. En effet, sont présumés coupables Valérien Kendakenda, député provincial, Dieudonné Mushoko, Sous-directeur technique de la Radio Nationale Congolaise, (RTNC/Station de Goma) et Célestin Kambale Malonga, l’homme qui déclare être le chef de cette incursion sanglante.
« Nous avions attaqué pour réclamer nos droits, bafoués depuis les accords de 2009, lorsque le gouvernement avait intégré les unes parmi les forces négatives à l’instar du CNDP (Congres National pour la défense du peuple) de Laurent Nkunda, sacrifiant ainsi les autres qui, jusqu’alors non reconnues par l’Etat », répond Célestin Kambale Malonga, ancien Maï-maï, aux questions du Gouverneur de province, quelques temps après son arrestation.
Sans peur ce Maï-maï devant la presse qu’il a besoin d’aller à Kinshasa devant le Président de la République pour y réclamer son « droit », celui de la reconnaissance de son groupe armée, l’Union des Patriotes Congolais pour la paix [UPCP], comme parti politique. « Impossible », dit un citoyen aux propos de ce Chef Maï-maï : « le temps d’intégrer le pouvoir par les armes est révolu ».
Cosmas Mungazi & Mustapha Mulonda