Beni : Mack Hazukay : « Après le bombardement, tout est sous contrôle »

La ville de Beni se réveille ce Mardi 22 Mars 2018, sous les détonations. Pendant que les habitants de la périphérie du Parc national de Virunga où tombaient ces explosions se déplaçaient pour rejoindre le centre-ville, Mack Hazukay, Porte-parole militaire des opérations Sukola1, appelle tout le monde au calme. Pour lui, c’est un ratissage qui se fait dans Mayangose et Nyaleke, deux entités situées non loin du PNVI. Le Capitaine Mack Hazukay a été interviewé par Emergence.

Beni : Mack Hazukay : « Après le bombardement, tout est sous contrôle »
Les Fardc

Emergence : Les habitants de la ville de Beni se réveillent sous la psychose suite aux détonations d’armes lourdes. Pourquoi ?

Mack : Ces détonations sont consécutives aux opérations de ratissage que nous avons lancées dans le Mayangose.  Il s’agit d’une opération tentant à désinfecter cette agglomération dans laquelle sont signalés  les mouvements de l’ADF ces derniers temps. Il sied de souligner que l’ennemi est de plus en plus actif dans les périphéries de la ville et  à quelques endroit du tronçon Beni-Kasindi où il se permet de temps en temps d’insécuriser la population civile. 

Emergence : Bien sûr que les éléments FARDC sont entrain de pilonner les positions ennemies comme vous le dites, mais, ne voyez-vous pas que c’est dangereux d’amorcer les tirs dans la matinée à l’insu de la population. Celle-ci n’est-elle pas exposée ?

Mack : Jusque-là l’ennemi n’a pas encore tiré. Il ne s’agit que de pilonnage de la force loyaliste  qui vise la neutralisation  des positions susceptibles d’abriter l’ennemi. Certes, pas de panique surtout que l’armée loyaliste contrôle la situation.

Emergence : Naturellement, la population a la phobie depuis qu’elle maitrise bien le mode opératoire de l’ADF qui se décharge sur les civils, les tuant ainsi à l’aide des armes blanches.  Comme cette peur risque de causer toujours les déplacements des populations,  avez-vous déjà conçu un plan de contingence ?

Mack : Avec les partenaires, à l’instar de la protection civile, nous sommes en train d’élaborer un plan d’évacuation de la population en cas de menace grave. Mais jusque-là,  rien n’est à craindre surtout que ce sont les FARDC qui ont attaqué le premier. Vous le savez bien ! La communication sur la guerre est différente de la couverture médiatique d’une rencontre de football.

Emergence : Pourquoi cette comparaison (diffusion du match et de guerre sur les médias)?

Mack : Etant porte-parole militaire, si je passe dans vos médias pour annoncer les prochaines attaques, tout juste après ma communication, je suis traité de traitre et automatiquement condamné de haute trahison pour avoir dévoilé les stratégies de guerre. Lorsqu’il s’agit des exercices de routine dont les exercices simples ou la destruction des armes défectueuses, ça passe ; mais lorsqu’il s’agit d’une opération de traque, c’est vraiment impossible de médiatiser. Ne semblons pas oublier que nous sommes dans une zone très glissante où l’ennemi suit aussi les médias.

Emergence : A écouter la population, elle en a marre de ces opérations contre les ADF. Il y a-t-il lieu de neutraliser complètement ce groupe rebelle et mettre fin à l’insécurité dans la zone ?

Mack : Nous comprenons l’impatience de la population mais nous rassurons à celle-ci qu’un travail bien fait se produit en profondeur. Et c’est aussi, un souci pour l’armée d’en finir une fois pour toute avec cette guerre. Le combat sur le champ de bataille est comme une maladie dont le docteur, à la déférence d’un magicien,  traite ne sachant pas quand est-ce que la guérison interviendra. Notre détermination est grande. Il y a des sacrifices suprêmes qui se font en brousse même si nous ne médiatisons pas tout.

Emergence : Les habitants de Beni ville et territoire sont frustrés. Quel comportement peuvent-ils adopter présentement ?

Mack : La population n’a pas à s’inquiéter. De fois nous utilisons les armes lourdes pour permettre aux militaires déjà injectés dans la forêt de progresser paisiblement. Néanmoins, la population a droit à un plan d’évacuation, une façon de rappeler encore à nos amis de la protection civile de mettre en place cet ouvrage en cas d’une menace sérieuse : « Mais pour l’instant, tout est sous contrôle »,.

Mustapha Mulonda