Le peuple bingi veut aussi participer à la gestion et à la consolidation de la paix

​​​​​​​Les Babingi, se disent oubliés et pourtant qu’ils expriment l’ambition de participer à la consolidation de la paix et à la gestion du territoire de Rutchuru, dans la province du Nord-Kivu, ensemble avec les autres tribus (Hutu, Tutsi, Nande, notamment).

Le peuple bingi veut aussi participer à la gestion et à la consolidation de la paix
Responsable Prince K. pour le peuple Bingi

« Notre tribu était oubliée, depuis l’indépendance de notre pays jusqu’en 2010, dans la gestion de la chose publique. Cette reconnaissance va permettre aux membres de notre communauté de participer aussi à la gestion de nos entités et à la décentralisation », a déclaré comme d’habitude en début juin 2015 à la presse, le président de la communauté Bingi en territoire de Rutshuru, Godefroid Bamwisha.

Un calendrier écrit en Kibingi

« Nous voulons notre autonomie, pour montrer en quoi les Babingi sont différents des autres tribus du territoire. Nous avons déjà confectionné un calendrier écrit en Kibingi et nous avons déjà remis quelques exemplaires aux autorités provinciales », s’est félicité Abélard Masaka, président provincial de la communauté Bingi.

Le peuple Bingi avait déjà adressé plusieurs lettres, correspondances, mémorandums de demande de reconnaissance de cette communauté aux autorités nationales et provinciales. Ainsi, dans les correspondance du 24 août et du 15 octobre 2010 se rapportant à l’autonomie longtemps réclamée, le secrétariat permanent de la commission STAREC/Nord Kivu, le Cabinet  du gouverneur de la province et du ministère provincial de l’Intérieur, Décentralisation, Sécurité et Affaires coutumières avaient reconnu à l’unanimité que le peuple Bingi est «autochtone du groupement Binza qui doit avoir une association culturelle  et linguistique ». Dans le rapport publié à l’occasion, sur ses 7ème et 8ème pages à propos des populations autochtones, « les Babingi font partie de ces populations, en majorité Bantous ».

Lutter contre la discrimination

Dans la plupart de leurs correspondances adressées aux autorités locales et nationales, les Babingi se disent « marginalisés », estimant que cette discrimination s’observe par leur « absence dans la gestion de l’administration locale ». « Aucun des nôtre n’est ni agent à la chefferie ni au bureau du territoire », a confirmé Gérard Murambira, représentant de Babingi de Kibututu, à 7 km de Kiwanja.

De l’autre côté, Justin Mukanya, administrateur du territoire de Rutshuru, avait affirmé le 29 décembre dernier que, « les Babingi sont inclus dans les Banyabwisha ». Une affirmation que rejettent certaines sources Nande. « Ils ne sont pas Hutu, pensent-elles, ces derniers devraient aussi participer dans la gestion de la contrée au lieu d’être assimilés aux autres tribus ».

Peuple pacifique

« Nous conseillons habituellement aux populations de cesser d’entretenir les milices car, pendant les combats, la mort, le déplacement et la faim n’épargnent aucune communauté », a indiqué un des notables Bingi vivant à Goma, dans une discussion avec ses amis appartenant à d’autres ethnies de Rutshuru qu’il invitait à « cultiver la paix ».

Les Babingi sont un peuple majoritairement installé dans trois groupements du territoire de Rutchuru : Binza, Busanza, et Bukoma dans la collectivité-chefferie de Bwisha, au Nord Kivu. Dans le souci de consolider la paix dans des entités autre fois contrôlées par la rébellion du M23, STAREC avait organisé le 13 décembre 2013, une conférence sur la paix, la sécurité et la cohabitation des populations à Rutchuru. « Toutes les tribus y étaient conviées, curieusement notre invitation était pour la énième fois volatilisée dans la nature », se souvient tristement Zacharie Mumbere, chef de Babingi de la cité de Kiwanja (80 km au nord de Goma), pendant que confie-t-il, le service de protocole de STAREC leur avait confirmé la remise de leur invitation au bureau territorial.

« Nous voulons l’autonomie », réclament-ils: contrairement à ceux qui vivent de l’élevage, les Babingi vivent de l’agriculture et de la chasse. Mais aussi, ils ont le Kibingi comme langue et non le Kinyarwanda ou le Kinande, comme les membres des autres communautés du territoire.

Cosmas M.